 |
Photographie d'immatriculation à Auschwitz |
Lucien Frichot (*) est
né le 27 mars 1904 à Brosville (Eure). Il est le fils de Marie, Anna Schwap, 29 ans,
ménagère et d’Emile Frichot, 41 ans, maçon, domicilié à Saint-Cyr l’Ecole.
 |
Le 31 rue des Ormes |
Il
habite au 31 rue des Ormes (devenue rue Arthur Dalidet) à Maisons-Alfort (Seine
/ Val-de-Marne), au moment de son arrestation.
Lucien Frichot est « aide d’usine » puis « employé des services publics ».
Le
4 juillet 1925, Lucien Frichot épouse à Maisons-Alfort, Simone, Gabrielle
Martin.
 |
L'Humanité du 13 mai 1935 |
Militant
communiste, il « fut élu conseiller municipal communiste de Maisons-Alfort,
le 12 mai 1935, sur la liste dirigée par Albert Vassart » (Le Maitron).
La
préfecture de la Seine suspend la municipalité en octobre 1939 et nomme une
délégation spéciale composée de Maugé, Becquerelle, Veinstein,
Péroni.
Lucien Frichot, comme ses camarades communistes
élus, est déchu de son mandat municipal le 16 mars 1940. La préfecture nomme
Francis Maugé, ancien inspecteur des services communaux de la Seine président de
la délégation spéciale en 1940, avec Péroni, Ferre, Pasquié et Caillette comme adjoints.
Avec
l’Occupation allemande, la police de Vichy surveille les anciens élus
communistes, procède à des perquisitions et des arrestations. Vichy entend
ainsi faire pression sur les militants communistes connus ou anciens élus pour
faire cesser la propagande clandestine.
Le
4 octobre 1940 au soir, Lucien Frichot est arrêté à son domicile par deux
policiers français et emmené au commissariat de Charenton, en même temps que son
camarade Georges Niquet, ancien chauffeur du Maire Albert Vassart. Son épouse
découvre dans la nuit qu’il s’agit d’une véritable arrestation et va prévenir
l’épouse de Georges Niquet. Le 5 octobre 1940 Lucien Frichot est emmené au
commissariat de Charenton, en même temps que Georges Niquet. Lucien Frichot est
libéré après interrogatoire. Georges Niquet est interné le même jour au CSS d’Aincourt
et plus tard déporté à Auschwitz avec lui.
 |
Extrait de la liste des RG du 27 juin 1941, montage à
partir du début de la liste
|
Lucien Frichot est à nouveau arrêté le 27 juin 1941 à Maisons-Alfort, dans le
cadre de la grande rafle commencée le 22 juin, jour de l’attaque hitlérienne
contre l’Union soviétique. Sous le nom «d’Aktion
Theoderich», les Allemands arrêtent plus de mille communistes dans la
zone occupée, avec l’aide de la police française en application du décret-loi
du 18 novembre 1939 : « individus
dangereux pour la défense nationale et pour la sécurité publique ».
La liste des Renseignements
généraux répertoriant les communistes internés administrativement le 27 juin
1941, mentionne pour Lucien Frichot : « Meneur
particulièrement actif ».
.jpg) |
Le Frontstalag 122 |
D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés
par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp
allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht et qui ce
jour là devient un camp de détention des ennemis
actifs du Reich.
Lucien Frichot est
interné sans doute le jour même au camp de Royallieu qui est devenu le 22 juin
1941 le «Frontstalag 122» destiné à l’internement
des «ennemis actifs du Reich».
Royallieu est alors le seul camp en France sous contrôle direct de l’armée
allemande.
Lucien Frichot est déporté à Auschwitz dans le
convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000».
Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes
(responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine
d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz)
faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en
France, les Judéo-bolcheviks
responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti
communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir
d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz
: 6, 7, 8 juillet 1942.
Le
numéro «45560 ?» inscrit dans
mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et
2000) correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par
matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr
en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la
persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur
plusieurs centaines de numéros matricules. Seule la reconnaissance, par un
membre de sa famille ou ami de la photo
d’immatriculation
publiée au début de cette biographie pourrait désormais en
fournir la preuve.
Après
l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y
sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp
annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13
juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS
ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz
I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés
au terrassement et à la construction des Blocks. On ignore dans quel camp il
est affecté à cette date.
 |
Dessin de Franz Reisz, 1946 |
Lucien
Frichot meurt à Auschwitz le 30 novembre 1942 d’après le certificat de
décès établi au camp d’Auschwitz (in Death
Books from Auschwitz Tome 2 page 313 et © Mémorial et Musée d’Etat
d’Auschwitz-Birkenau, où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et
de décès, avec l’indication « Katolisch »
(catholique).
La
mention Mort en déportation est
apposée sur son acte de décès (arrêté du 8 septembre 2009 paru au Journal
Officiel n° 242 du 18 octobre 2009). Cet arrêté porte néanmoins une mention
erronée : décédé le 31 octobre 1942
à Birkenau (Pologne). Il serait
souhaitable que le ministère prenne désormais en compte par un nouvel arrêté la
date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible
depuis 1995 (Death Books from Auschwitz, Musée d’État
d’Auschwitz-Birkenau). Lire dans le blog l’article expliquant les différences
de dates entre celle inscrite dans les «Death
books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français) Les
dates de décès des "45000" à Auschwitz.
Le
21 août 1944, des représentants communistes des FFI prennent possession de la
Mairie et se constituent en délégation spéciale : sous la présidence de
Jean Marie Marceau, ancien conseiller municipal élu en 1935, ils nomment symboliquement
au sein de cette délégation leurs camarades anciens élus municipaux, dont ils
connaissent la déportation, mais ignorent s’ils sont vivants : Bernhard (conseiller
municipal Radical Socialiste en 1935, déporté, sera conseiller municipal de
1944 à 1947), Bolze (maire-adjoint en 1935, déporté, sera conseiller municipal
de 1944 à 1959), Lucien Frichot (déporté à Auschwitz), Henri Hureau (déporté à
Auschwitz), Victor Jardin (déporté à Auschwitz), Marcel Névraumont (déporté à
Auschwitz), Raunet (Conseiller municipal en 1935, déporté), Fernand Saguet (deuxième
adjoint au maire en 1935, déporté à Auschwitz, Verrier (conseiller municipal en
1935, déporté).
Aucune
rue, monument ou plaque ne semble honorer la mémoire des dix Maisonnais
déportés à Auschwitz.
Lucien
Fruchot a été déclaré « Mort pour la
France », et homologué « Déporté
politique ». La carte a été remise à son épouse qui avait déménagé rue
Hoche en 1956.
(*)
Il a été longtemps
confondu au Ministère des Anciens combattants avec un autre Frichot, Lucien,
Albert, né le 9 avril 1906 à Liévin (Pas-de-Calais), également communiste, manœuvre,
marié et père d’un enfant, qui fut arrêté dans la même période.
Sources
- Fichier
national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC
ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en décembre
1992.
- Mairie
de Brosville, 6 janvier 1993 (Extraits de naissance, de mariage, de décès).
- Le Maitron, Dictionnaire
biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir),
éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Notice informatique Claude
Pennetier.
- © Cercle généalogique de
Maisons-Alfort (extrait du tome II « Mille
ans d’Histoire à Maisons-Alfort » pour la composition de la Délégation
spéciale).
- Death
Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé
essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis
au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31
décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Site Internet
Legifrance.
- Photo d'immatriculation à Auschwitz : Musée d'état
Auschwitz-Birkenau / © collection André
Montagne .
- © Google
Street view.
- Montage
photo du camp de Compiègne à partir des documents du Mémorial ©
- Pierre
Cardon
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz »,
ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
Archives de la Préfecture de police de Paris. Renseignements
généraux, Liste des militants communistes internés le 26 juin 1941.
Biographie
mise à jour en 2016 (installée en décembre 2014) par Claudine
Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions
Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet
1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de
mentionner ces références (auteur et coordonnées du blog) en cas de reproduction ou d’utilisation
totale ou partielle de cette biographie. Pour la compléter ou la corriger,
vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
Pensez à indiquer les sources et éventuellement les documents dont vous
disposez pour confirmer ces renseignements et illustrer cette biographie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire