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Edouard Dumoulin
in "Stains souvenons nous" |
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Edouard Dumoulin le 8 juillet 1942 à Auschwitz |
Matricule 45506 à Auschwitz
Edouard Dumoulin est
né le 5 juillet 1902 à Doullens (Somme).
Il
habite dans les HBM du 12 avenue Solon (aujourd'hui avenue de la Division
Leclerc) à Stains (Seine / Seine-St-Denis) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie, Hortense Dessinge, 28 ans, ménagère et d'Alfred, Victor Dumoulin, 36 ans, domestique.
Le 23 juin 1923, à Doullens, il épouse Célina, Jeanne, Emilienne Capron, ouvrière en coton. Il effectue son service militaire en Afrique à partir de 1923.
Le couple a trois enfants (Jeanine née en 1926, Jacques en 1928 et André en 1929).
Edouard Dumoulin est manœuvre.
Sympathisant communiste, il est délégué syndical, leader au moment des grèves de 1936, il est connu à ce titre par les services de police (« propagandiste communiste, délégué syndical, considéré comme un meneur de grèves »).
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Les HBM de la rue Solon |
Il
est mobilisé à la déclaration de guerre.
Le 13 juin 1940 des éléments de l’armée allemande occupent Stains. Le
14 juin, les troupes allemandes entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa
population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du
commandement militaire allemand en France. L’armistice est signé le 22 juin.
Philippe Pétain obtient les pleins pouvoirs du Parlement réuni à Vichy le 10
juillet.
Edouard Dumoulin est arrêté le 28 avril 1942 à La Plaine Saint Denis (Seine / Seine-St-Denis). Ce
jour-là une rafle est effectuée par l’occupant dans tout le département de la
Seine. Lire dans le blog La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette
politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages
déjà internés et arrêtent 387 militants, dont la plupart avaient déjà été arrêtés
une première fois par la police française pour « activité communiste »
depuis l’armistice et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres sont
connus ou suspectés par les services de police comme Edouard Dumoulin. Il
s’agit de représailles ordonnées à la suite d’une série d’attentats à Paris (le
20 avril un soldat de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats
dans un autobus parisien, le 22 avril un militaire est blessé à Malakoff).
Edouard
Dumoulin est remis le même jour aux autorités allemandes à leur demande.
Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122). Il y reçoit le
matricule "6722", selon sa fiche au DAVCC.
Depuis ce camp, Edouard
Dumoulin est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit
des «45000» (1170 déportés immatriculés à
Auschwitz dans la série des matricules « 45.000 » et
« 46.000 », d'où le nom "convoi des 45000" que les rescapés
se sont donné). Ce convoi d’otages
composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques
du parti et syndicalistes de la
CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs, faisait partie des mesures de
représailles allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux
de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin
contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le
blog le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz
: 6-8 juillet 1942.
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Immatriculation le 8 juillet 1942 |
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont
présents à l'arrivée du train en gare d'Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces
derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d'Auschwitz (camp
souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre
les numéros « 45157 » et « 46326 ». Ce matricule - qu'il doit apprendre à dire en allemand et en
polonais à toute réquisition - sera désormais sa seule identité pour les
SS et les Kapos.
Sa
photo d’immatriculation (1) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des
membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver
de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation
d’Auschwitz.
Après
l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y
sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp
annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13
juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS
ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz
I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés
au terrassement et à la construction des Blocks. Aucun des documents sauvés de
la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz,
ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Edouard
Dumoulin meurt à Auschwitz le 3 décembre 1942 d’après le certificat de décès
établi au camp d’Auschwitz (in Death
Books from Auschwitz Tome 2 page 246 et le site internet © Mémorial et
Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates, lieux de
naissance et de décès, avec l’indication « Katolisch » (catholique).
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Dessin de Franz Reisz, 1946 |
En effet, dans les années
d'après-guerre, l’état civil du Ministère des Anciens combattants et Victimes
de guerre a fixé des dates de décès fictives (le 1er, 15 ou 30, 31 d'un mois
estimé) à partir des témoignages de rescapés, afin de donner accès aux titres
et pensions aux familles des déportés. Ici, il s’est appuyé sur une déclaration
de Georges
Brumm en 1946, qui a certifié que son camarade est mort « fin 1942 ».
Un arrêté ministériel du 28 février 1989, paru au Journal Officiel du 9 avril 1989, porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès. Mais cet acte porte la mention fictive « décédé le 15 novembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Il serait souhaitable que le ministère prenne désormais en compte, par un
nouvel arrêté, les archives du camp d’Auschwitz emportées par les Soviétiques
en 1945, et qui sont accessibles depuis 1995 et consultables sur le site
internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau Voir
l’article : Les
dates de décès des "45000" à Auschwitz. On notera que sa fiche au
DAVCC et son acte de décès du 16 août 1946 portent une autre date erronée « décédé le 9 mai 1945 à Eisenach », date
qui correspond à la date de décès de Dumoulin André, né en 1923. La mention « Mort
pour la France » lui est attribuée le 20 juin 1946.Edouard Dumoulin est homologué
Déporté résistant le 7 octobre 1957.
La carte est attribuée à son épouse, Célina Dumoulin.
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Plaque en Mairie |
Son
nom et celui d’autres « 45.000 » est honoré sur une plaque en Mairie.
- Note 1 : 522 photos d’immatriculation des « 45000 » à
Auschwitz ont été retrouvées. A la Libération elles ont été conservées dans les
archives du musée d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis à André
Montagne, alors vice-président de l'Amicale d'Auschwitz, qui me les a confiés.
Sources
- Fichier
national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC
ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en février
1992 (relevé Georges Dudal).
- Archives
en ligne de la Somme, état civil de la commune de Doullens.
- Mairie
de Stains 10 mars 1992 : Acte de décès (20 juin 46).
- Bordes
Louis, Thonet Vladimir, Loiseaux Pierre : Stains et son histoire. éd. Alliance Service, 1979.
- © Photo Edouard Dumoulin avant- guerre in Site
internet « Stains et son passé ».
- Liste
(incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les
historiens du Musée d'Etat d'Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des
victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant
généralement la date de décès au camp.
- Death
Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé
essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis
au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31
décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Photo d'immatriculation à Auschwitz : Musée d'état
Auschwitz-Birkenau / © collection André
Montagne .
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz »,
ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
Notice biographique mise
à jour en 2014 et 2019 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur
des ouvrages : «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 »
Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille
otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000»,
éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces
références (auteur et coordonnées du blog) en cas de reproduction ou
d’utilisation totale ou partielle de cette biographie. Pour la compléter
ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel
à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
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