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Roger Chaput à Auschwitz |
Matricule "45352" à Auschwitz
Roger
Chaput
est né le 15 octobre 1911 à Saint-Ouen (Seine / Seine-St-Denis).
Au moment de son arrestation il habite au 16, rue des Châteaux à Saint-Ouen, un petit pavillon situé dans un ensemble pavillonnaire, aujourd’hui partiellement remplacé par une cité HLM.
Il est le fils de Catherine, Eugénie Taupin, 27 ans, ménagère et d'Ernest, Léon Chaput, 28 ans, paveur, son époux.
Le 11 février 1933, il épouse à Saint-Ouen, Suzanne, Marie, Valentine, Augustine Tessier.
Le couple a une fille, Christiane qui naît la même année. Ils vivent chez les parents de Suzanne (le beau-père est ébéniste à la Compagnie d'état à Paris 8e, et la belle-mère est employée aux finances à Paris 15è).
Appelé du contingent de la classe 1931 (12
mois), il est vraisemblablement mobilisé à la déclaration de guerre à partir de
septembre 1939.
En 1936, Roger Chaput travaille comme paveur, comme son père, a la Société La Productrice à Saint-Ouen.
Membre du Parti communiste, il est un « camarade de résistance parisienne » selon Pierre Monjault.
Le 13 juin 1940 l’armée allemande occupe Saint-Denis, puis Saint-Ouen.
Le 14 juin, les troupes de la Wehrmacht
entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse
d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire
allemand en France. Les troupes allemandes défilent sur les
Champs-Élysées.
A l’automne 1940 des militants communistes de
Saint-Ouen diffusent les tracts et journaux du Parti clandestin. Fin octobre
1940, les services de police notent une recrudescence de la propagande
communiste et perquisitionnent aux domiciles des communistes connus. Le
commissaire de police de Saint-Ouen qui a signalé Roger Chaput « comme devant être interné en cas de troubles
intérieurs graves » le fait interpeller et fait procéder à une perquisition
à son domicile le 24 octobre 1941. Cette « visite domiciliaire »
n’apporte aucun élément matériel.
Mais Roger Chaput est désormais sur les
listes de suspects. Aussi, lorsque les Allemands ordonnent des représailles à
la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril un soldat de première
classe est abattu au métro Molitor, deux soldats dans un autobus parisien, le
22 avril un militaire est blessé à Malakoff), Roger Chaput fait partie des 387
militants arrêtés le 28 avril 1942. Ce jour-là une rafle est effectuée par
l’occupant dans tout le département de la Seine. Lire dans le blog La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette
politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages
déjà internés et arrêtent 387 militants, dont la plupart avaient déjà été arrêtés
une première fois par la police française pour « activité communiste » depuis l’armistice et libérés à
l’expiration de leur peine. Les autres, comme Roger Chaput sont connus ou
suspectés par les services de police de poursuivre une activité clandestine.

Roger Chaput est ensuite remis aux autorités
allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu
à Compiègne (Frontstalag 122).
Depuis ce camp, Roger Chaput est déporté à Auschwitz dans le
convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000» (1170 déportés immatriculés à
Auschwitz dans la série des matricules « 45.000 » et
« 46.000 », d'où le nom "convoi des 45000" que les rescapés
se sont donné).
Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes
(responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine
d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait
partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en France,
les Judéo-bolcheviks responsables,
aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste
clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir
d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz
: 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont
présents à l'arrivée du train en gare d'Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces
derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d'Auschwitz (camp
souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre
les numéros « 45157 » et « 46326 ». Ce matricule - qu'il doit apprendre à dire en allemand et en
polonais à toute réquisition - sera désormais sa seule identité pour les
SS et les Kapos.
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Roger Chaput le 8 juillet 1942 |
Sa photo d’immatriculation (1) à Auschwitz a
été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp
avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu
de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Après l’enregistrement, il passe la nuit au
Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9
juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4
km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa
profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont
sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du
convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la
construction des Blocks.
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Dessin de Franz Reisz, 1946 |
Roger Chaput est ramené à Auschwitz I, ce qui signifie
qu’il exerçait une profession qui intéresse les ateliers de la SS. Il est affecté au Block 14
avec Lucien
Penner, ajusteur, Raymond
Montégut, serrurier, Camille
Nivault, menuisier.
Le 7 août 1942, malade, il entre au Block 20 (Block de
l’Hôpital d’Auschwitz réservé au traitement des maladies infectieuses et à la
tuberculose). Il meurt dans la nuit du 12
août 1942. En relevant ces dates sur le Totenbuch
(livre des morts) André
Montagne a noté qu’il y a ce jour-là 205 morts dans les kommandos à l’appel
du soir et 44 à l’appel du lendemain matin. Parmi eux treize
« 45.000 » le 12 août et cinq le 13 août dont Roger Chaput.
Roger Chaput meurt à Auschwitz le 13 août
1942, d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 164)
et le site internet © Mémorial et Musée
d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec son matricule, ses dates, lieux
de naissance et de décès, avec l’indication « Katolisch » (catholique).
Un arrêté ministériel du 29 octobre 2009 paru
au Journal Officiel du 27 décembre 2009 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et
jugements déclaratifs de décès. Mais il comporte une date erronée : « décédé le 25 août 1942 à Auschwitz (Pologne) ».
Il serait souhaitable que le Ministère prenne en compte, par un nouvel arrêté,
la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz,
accessible depuis 1995 et consultable sur le site internet du © Mémorial et Musée
d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Lire dans le blog l’article expliquant les
différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil
français) Les dates de décès
des "45000" à Auschwitz.
Il est homologué « Déporté Politique ». Roger Chaput est homologué (GR 16 P 120192) au titre de la Résistance
intérieure française (RIF) comme appartenant à l’un des mouvements de
Résistance dont les services justifient une pension militaire pour ses ayants
droit.
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La stèle dans le square des 45000 et des 31000 |
Une plaque sur la sépulture familiale au
cimetière ancien d'Eaubonne célèbre son souvenir. Ses parents Ernest (1883-1941)
et Catherine (1884-1970) y reposent.
À Saint-Ouen, son nom est gravé
sur le Monument de la Résistance
et de la Déportation du cimetière communal, et sur la stèle érigée en « Hommage
aux résistants, femmes, hommes, déportés à Auschwitz-Birkenau »,
inaugurée le 24 avril 2005 dans
le Square des « 45.000 » et des « 31.000 » (le convoi du 24
janvier 1943).
- Note 1 : 522 photos d’immatriculation des « 45000 » à
Auschwitz ont été retrouvées. A la Libération elles ont été conservées dans les
archives du musée d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis à )
André
Montagne, vice-président de l'Amicale d'Auschwitz,
qui me les a confiés.
Sources
- Archives en ligne de SaintOuen, état civil et recensement de 1936.
- ACVG juin 1992
- Liste de l’Infirmerie d'Auschwitz
- Fichier national de la Division des Archives
des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la
Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en juin 1992.
- La Résistance en
Seine-Saint-Denis,
Joël Claisse et Sylvie Zaidman, préface de Roger Bourderon Syros éd, p. 439.
- Death Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État
d’Auschwitz-Birkenau,
1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de
décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et
le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Site Internet
Legifrance.
- © Site Internet
MemorialGenWeb.
- Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par
l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
Notice biographique
installée en 2014, complétée en 2019, par Claudine Cardon-Hamet, docteur en
Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions
Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet
1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de
mentionner ces références (auteur et coordonnées du blog) en cas de reproduction ou d’utilisation
totale ou partielle de cette biographie. Pour la compléter ou la corriger,
vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
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