Auguste Dardenne est né le 26 juin 1905 à Pouru-Saint-Rémy
(Ardennes). Il habite au 26, rue François Arago à Pantin (Seine / Seine-St-Denis) au moment de son
arrestation.
Il est le fils de Marie, Julienne, Joséphine Dardenne, 26 ans, célibataire,
sans profession.
Il
épouse Julie, Victoria, Cornélie Lagaeye le 19 mai 1928 au Pré-Saint Gervais
(Seine/Seine-Saint-Denis). Elle est née le 15 juin 1908 à Dunkerque.
Auguste Dardenne est membre du Parti communiste et connu des services de police pour son
activité militante (DAVCC).
En 1931, le couple habite au 14, rue des Pruniers à Drancy (recensement de 1931), ilo est chauffeur, profession indiquée également sur les listes électorales.
Le 29 avril 1935, Auguste Dardenne est embauché comme manœuvre par la
société «Les Jambons Français» (8 rue de Pantin au
Pré-Saint-Gervais).
A la déclaration de guerre, il est mobilisé et est sur le front au moment de l'attaque allemande.
Le 14 juin 1940, l’armée allemande entre dans Paris, vidée des deux
tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le
siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes
défilent sur les Champs-Élysées. Elles ont occupé Pantin le 13 juin.
Démobilisé, Auguste Dardenne déménage au 26, rue François-Arago à
Pantin le 15 octobre 1940 et ce jusqu’à son arrestation. Ancien communiste, Auguste Dardenne est à ce titre surveillé dès le début de l’Occupation par les Renseignements généraux, comme tous ses camarades anciens communistes. Le 19 janvier 1942, les autorités allemandes transmettent une demande
d’enquête le concernant aux services des Renseignements généraux de la
préfecture de police. Quoique les renseignements recueillis par les RG ne leur
permettent pas d’affirmer pas qu’il se livre à la propagande communiste, Auguste
Dardenne est néanmoins arrêté le 28 avril par la police allemande, sur son lieu de travail, avec quatre autres de ses camarades.
Ce
jour-là une rafle est effectuée par l’occupant dans tout le département de la
Seine. Lire dans le blog La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette
politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages
déjà internés et arrêtent 387 militants, dont la plupart avaient déjà été arrêtés
une première fois par la police française pour « activité communiste »
depuis l’armistice et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres sont
connus ou suspectés par les services de police. Nous n’avons aucun élément pour
savoir s’il avait déjà arrêté. Ces arrestations sont des représailles ordonnées
par les Allemands à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril 1942 un
soldat de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats le sont dans
un autobus parisien et le 22 avril un militaire est blessé à Malakoff).

Auguste
Dardenne est ensuite remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci
l’internent le même jour au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
A
Compiègne, il reçoit le matricule n° « 4188 ».
Depuis le camp de Compiègne, Auguste
Dardenne est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit
des «45000» (
1170 déportés immatriculés à
Auschwitz dans la série des matricules « 45.000 » et
« 46.000 », d'où le nom "convoi des 45000" que les rescapés
se sont donné). Ce convoi d’otages
composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques
du parti et syndicalistes de la
CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au
moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de
représailles allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux
de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin
contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le
blog le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz
: 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont
présents à l'arrivée du train en gare d'Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces
derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d'Auschwitz (camp
souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre
les numéros « 45157 » et « 46326 ».
Ce matricule - qu'il doit apprendre à
dire en allemand et en polonais à toute réquisition - sera désormais sa
seule identité pour ses gardiens.
 |
Dessin de Franz Reisz, 1946 |
Son
numéro d’immatriculation lors de son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 est
inconnu. Lire dans le blog le récit du premier jour à Auschwitz : L'arrivée
au camp principal, 8 juillet 1942. et 8
juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, "visite médicale".
Le numéro « 45423 ? » figurant
dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à
une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce
numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de
l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de
lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines
de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon dernier livre Triangles rouges à Auschwitz.
Après
l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y
sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp
annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13
juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS
ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz
I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés
au terrassement et à la construction des Blocks. Aucun des documents sauvés de
la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz,
ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Auguste Dardenne meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942 d’après le certificat de décès établi au
camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome Tome 2, page 214 et
le site internet © Mémorial et Musée d’Etat
d’Auschwitz-Birkenau)
où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication
« Katolisch » (catholique).
Un
arrêté ministériel du 5 janvier 1998 paru au Journal Officiel de mars 1998 porte
apposition de la mention «Mort en
déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès. Mais il
comporte une date erronée : « décédé
en 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Il serait souhaitable que le Ministère
prenne en compte, par un nouvel arrêté, la date portée sur son certificat de
décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 et consultable sur le
site internet du © Mémorial et Musée d’Etat
d’Auschwitz-Birkenau. Lire
dans le blog l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite
dans les «Death books» et celle
portée sur l’acte décès de l’état civil français) Les dates de décès des
"45000" à Auschwitz.
Auguste Dardenne a
été déclaré « Mort pour la France »
et homologué comme « Déporté
politique ».
Sources
- Fichier
national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC
ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en décembre
1992.
- Liste
(incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les
historiens du Musée d'Etat d'Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des
victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant
généralement la date de décès au camp.
- Listes
- incomplètes - du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de
la F.N.D.I.R.P).
- Death
Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé
essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis
au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31
décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Compiègne, photomontage Pierre Cardon à
partir du livre de Claude Poirmeur
- © Site Internet
Legifrance.
- © Dessin
de Franz Reisz, in « Témoignages sur
Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz
(1946).
Notice biographique mise à jour en 2014 et 2019 par
Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 »
Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille
otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000»,
éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces
références (auteur et coordonnées du blog) en cas de reproduction ou
d’utilisation totale ou partielle de cette biographie. Pour la compléter
ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel
à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
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