Matricule "46180" à Auschwitz
Paul Varenne est né le 16 octobre 1918 à Paris 13ème.
Au moment de son arrestation,
Paul Varenne habite chez sa tante au 11 rue Perrusset à Bobigny. Il est le fils
de Marie Le Corre et d’Eugène Varenne, son époux. Très tôt orphelin de mère (il
a cinq ans à son décès), il est pris en charge par sa tante maternelle, Anne Le
Corre, épouse de Joseph-Marie Le Floch, facteur, habitant à Bobigny au 9 place Carnot.
Ils déménagent en 1936 et vont emménager au 11 rue Perrusset à Bobigny. Après le
certificat d’études Paul Varenne est formé comme apprenti fondeur en aluminium.
Puis il est embauché comme riveur aux Chemins de fer.
En 1936, il fait partie
d’un groupe de jeunes campeurs affilié aux Auberges de la Jeunesse de Bobigny au
42 avenue Henri-Barbusse. Il
est célibataire.
Le
5 février 1940, Paul Varenne aurait été arrêté en même temps qu'Emile Larosière « lors d'une distribution de tracts » (brochure de Bobigny
éditée pour le « 40ème
anniversaire des camps de la mort ». Cette arrestation ne figure pas néanmoins dans sn dossier aux archives de la police.
Le 14 juin 1940, l’armée allemande entre par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des
deux tiers de sa population, le 14 juin. La ville cesse alors d’être la
capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en
France. Les troupes allemandes défilent sur les Champs-Élysées. Elles ont
occupé une partie de la banlieue-est la veille, puis la totalité les jours
suivants.
Au tout début de l'Occupation, Paul Varenne milite clandestinement. Arrêté au début décembre 1940, il est inculpé par le commissaire de Noisy-le-Sec d’infraction aux articles 1 et 3 du décret du 26 septembre 1939. Il est mis à la disposition du Procureur le 6 décembre. Le 7 décembre, Paul Varenne est condamné à une
lourde peine d’emprisonnement par la 12ème chambre du tribunal
correctionnel de la Seine. Ayant
fait appel de la sentence, il est condamné à six mois de prison par la cour
d’appel le 27 janvier 1941. Ayant purgé sa peine et compte tenu de son âge, il est remis
en liberté, non sans avoir dû signer un engagement à ne plus agir contre le gouvernement du Maréchal.
Paul
Varenne est à nouveau arrêté à Bobigny le 28 avril 1942 par la police française,
en même temps qu'Emile Larosière. Ce 28 avril 1942 en effet, une rafle est
effectuée par l’occupant dans tout le département de la Seine. Lire dans le
blog La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette
politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages
déjà internés et arrêtent 387 militants, dont la plupart avaient déjà été
arrêtés une première fois par la police française pour « activité
communiste » depuis l’armistice et libérés à l’expiration de leur peine. Les
autres sont connus ou suspectés d’activité clandestine par les services de
police. Il s’agit de représailles ordonnées à la suite d’une série d’attentats
à Paris (le 20 avril un soldat allemand de première classe est abattu au métro
Molitor, deux autres soldats dans un autobus parisien, le 22 avril un militaire
est blessé à Malakoff).

Paul
Varenne est ensuite remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci
l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
Depuis ce camp, Paul
Varenne est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000» (1170 déportés immatriculés à
Auschwitz dans la série des matricules « 45.000 » et
« 46.000 », d'où le nom "convoi des 45000" que les rescapés
se sont donné). Ce convoi d’otages composé, pour
l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et
syndicalistes de la CGT)
et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur
enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles
allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions
armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et
des soldats de la Wehrmacht,
à partir d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du
transport : Compiègne-Auschwitz
: 6-8 juillet 1942.
 |
Dessin de Franz Reisz, 1946 |
Sur les 1175 otages partis de
Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l'arrivée du train en gare
d'Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et
photographiés au Stammlager d'Auschwitz (camp souche ou camp
principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre
les numéros 45157 et 46326. Paul
Varenne est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le
numéro «46180» selon la liste par
matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée
d'Etat d'Auschwitz.
Ce numéro matricule sera désormais sa seule identité pour ses gardiens. Lire
dans le blog le récit de leur premier jour à Auschwitz : L'arrivée
au camp principal, 8 juillet 1942. et 8
juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, "visite médicale"
Sa
photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des
membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver
de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation
d’Auschwitz.
Après
l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y
sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp
annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13
juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS
ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz
I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés
au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun
des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant
l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est
affecté à cette date.
Paul Varenne meurt à Auschwitz le 28 août 1942 d’après le certificat de décès établi au
camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 787 et le site internet © Mémorial
et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau)
où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication
« Katolisch » (catholique).
Une
salle municipale de Bobigny porte ses noms et prénoms : salle Paul Varenne (1).
Son
nom et celui de 18 résistants Balbyniens (dont Pierre
Cambouliu, Henri
Nozières et Emile
Larosiere) est gravé sur une plaque « Hommage aux héros de la Résistance » apposée en Mairie
au-dessous de la plaque en mémoire de deux anciens employés municipaux déportés
à Auschwitz dans le même que lui (Marius Barbier, de Saint-Ouen, et Henri
Nozières).
- Note 1 :
On trouve dans l’ouvrage de Monique Houssin Résistants et résistantes en Seine-Saint-Denis, l’indication d’une
salle « Georges Varenne » située
dans le complexe E. Vaillant à Bobigny. Indication reprise sur plusieurs
sites internet. Il s’agit d’une confusion avec la salle « Paul Varenne ».
Georges
Varenne, instituteur communiste de l’Yonne, lui aussi déporté dans le
convoi du 6 juillet 1942 ne semble avoir aucun lien de parenté avec le jeune
militant communiste balbynien.
Sources
- Communication
de M. Claude Antony, Maire-adjoint de Bobigny (2 novembre 1989).
- Brochure
« 40ème anniversaire des
camps de la mort » in « Bonjour
Bobigny » d’avril 1985.
- Archives
communales, 11 sept 1990.
- Archives
départementales de Paris : jugements du tribunal correctionnel de la
Seine.
- © Gilbert.joubert.pdf.
service des ressources historiques de l’Hôtel de ville de Bobigny et © Gilbert Joubert, Pdf Cercle d’Etudes
et de Recherches Historiques de Bobigny Balbiniacum CERHBB (plaque).
- Fichier
national du Bureau de la Division des archives des victimes des conflits contemporains
(DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre
1993 par André
Montagne.
- Archives de la préfecture de
police. Occupation allemande, dossier individuel des RG et du cabinet
du préfet.
- Avis
de décès (1992).
- Death
Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé
essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis
au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31
décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Liste
(incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les
historiens du Musée d'Etat d'Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des
victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant
généralement la date de décès au camp.
- © Dessin
de Franz Reisz, in « Témoignages sur
Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz
(1946).
Notice biographique mise à jour en 2014 et 2019 par
Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 »
Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille
otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000»,
éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces
références (auteur et coordonnées du blog) en cas de reproduction ou
d’utilisation totale ou partielle de cette biographie. Pour la compléter
ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel
à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
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