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Depuis le 19 avril 1945 |
Henri Nozières est né le 2 août 1904 au 40 rue Bichat à Paris (10ème).
Il
habite au 6 rue du Parc prolongée à Bobigny (Seine / Seine-St-Denis) au moment
de son arrestation. Cette rue, anciennement rue Louise Michel avait été
débaptisée (1) pendant la guerre. A la Libération, par délibération du conseil
municipal elle reprend son ancien nom le 11 octobre 1944.
Il est le fils de Louise, Eugénie Lobfort, 26 ans, ménagère et de Henri, Eugène Nozières, 31 ans, sellier son époux. ses parents sont domiciliés au 24 rue du Terrage à Paris 10è.
Le 2 avril 1937, Henri Nozières épouse à Drancy Marthe, Brigitte Bouvenot. Le couple a un enfant, Daniel, qui naît le 25 mars 1933 ou 1938.
Henri
Nozières est cantonnier, employé communal, militant syndicaliste.
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Détenus communistes aux Tourelles (montage P. Cardon) |
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La Caserne des Tourelles |
Le 14 juin 1940, l’armée allemande entre par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des
deux tiers de sa population, le 14 juin. La ville cesse alors d’être la
capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en
France. Les troupes allemandes défilent sur les Champs-Élysées. Elles ont
occupé une partie de la banlieue-est la veille, puis la totalité les jours
suivants.
Henri Nozières est arrêté à Bobigny le 19 juillet 1941 et est interné administrativement
(2) à la caserne des Tourelles (3).
Le
5 mai 1942 Henri Nozières est extrait du Dépôt de la Préfecture avec d’autres internés
administratifs de la police judiciaire, classés comme
« indésirables » (4), pour être conduit à la gare du Nord. Les
internés sont mis à la disposition des autorités allemandes et transférés au
camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122), le jour même, en tant
qu’otages. Les « indésirables » des Tourelles seront tous déportés le
6 juillet 1942.
Henri
Nozières est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit
des «45000». Ce convoi d’otages
composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques
du parti et syndicalistes de la
CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au
moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de
représailles allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux
de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin
contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le
blog le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz
: 6, 7, 8 juillet 1942.
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Immatriculation le 8 juillet 1942. Matricule incertain |
Le
numéro «45932 ?» inscrit dans
mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et
2000) correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par
matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr
en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la
persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur
plusieurs centaines de numéros matricules. Seule la reconnaissance, par un
membre de sa famille ou ami de la photo
d’immatriculation publiée au début de cette biographie pourrait
désormais en fournir la preuve.
Après
l’enregistrement, Henri Nozières passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés
du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied
au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le
13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les
SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à
Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à
Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun
des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant
l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté
à cette date.
Dessin de Franz Reisz, 1946
Henri
Nozières meurt à Auschwitz le 20 août 1942 d’après
le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from
Auschwitz Tome 3 page 874 et le
site internet © Mémorial et Musée d’Etat
d’Auschwitz-Birkenau)
où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication
« Katolisch » (catholique).
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Plaque en Mairie |
Un
arrêté ministériel du 9 juillet 1995 paru au Journal Officiel du 18 août 1995
porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements
déclaratifs. Il corrige le précédent arrêté qui indiquait le 6 juillet 1942 et
reprend la date portée sur le certificat de l’état civil d’Auschwitz.
Le
nom d’Henri Nozières a été donné à l’ancienne rue des Platières par le conseil
municipal le 19 avril 1945.
Une
plaque, apposée en Mairie à l’initiative de la section CGT du personnel, honore
son nom et celui de Marius Barbier, qui à son retour des Brigades
internationales en Espagne républicaine, travaillait lui aussi comme employé à
la mairie de Bobigny à compter du 2 mars 1939 et qui fut déporté à Auschwitz
dans le convoi du 6 juillet 1942. Son nom et celui de 18 noms de résistants
Balbyniens est gravé sur une plaque « Hommage
aux héros de la Résistance » apposée en Mairie au-dessous de la
précédente.
- Note 1 : La rue Louise Michel a été
débaptisée par la Délégation spéciale de Bobigny nommée par le Conseil de
Préfecture, répondant ainsi avec zèle aux circulaires du Préfet de la Seine
adressées aux présidents des délégations spéciales les 17 novembre 1939, 18
janvier et 28 mai 40 et 14 novembre 1940 qui recommandaient « qu’aucune
appellation de voie ou d’édifice publics n’évoque plus ni les idées, ni les
hommes, ni les faits de la 3ème Internationale ». Le
17 décembre 1940, le Président de la Délégation spéciale de Bobigny « confirme qu’il n’existe plus dans la commune
de dénominations rappelant la 3ème Internationale communiste ».
Il s’agit de l’ex-maire, Jean-Marie Clamamus, nommé le 29 août 1941. En septembre 1939 il avait quitté le
Parti communiste (rupture rendue publique le 12 octobre) puis avait accepté de
collaborer avec le régime de Vichy. Il se rallié au Parti ouvrier et paysan français créé par Marcel Gitton.
- Note 2 : L’internement administratif a été institutionnalisé par le
décret du 18 novembre 1939, qui donne aux préfets le pouvoir de décider
l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre
de séjour surveillé, « des individus
dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Il est
aggravé par le gouvernement de Vichy fin 1940. La loi du 3 septembre
1940 proroge le décret du 18 novembre 1939 et prévoit
l'internement administratif de "tous
individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique".
Les premiers visés sont les communistes.
- Note
3 : La caserne des Tourelles, « Centre de séjour surveillé » :
Ouvert d’abord aux Républicains espagnols, entassés par familles entières, aux
combattants des Brigades internationales, interdits dans leurs propres pays.
Les rejoignent de nombreux réfugiés d’Europe centrale fuyant la terreur nazie,
des indésirables en tous genres, y compris, bien sûr, les « indésirables »
français : communistes, gaullistes et autres patriotes (on ratissait large),
juifs saisis dans les rafles, «droit commun» aux causes bien datées (marché
noir). France Hamelin in Le Patriote Résistant N° 839 -
février 2010. Ce Centre de séjour
surveillé fonctionne en 1941 dans l'ancienne caserne d'infanterie coloniale du
boulevard Mortier à Paris.
- Note 4 : « Indésirables » : des militants
communistes (dont plusieurs anciens des Brigades Internationales) et des
« droits communs ». La plupart des "droits communs"
déportés dans le convoi du 6 juillet sont apparentés ou proches des milieux
communistes
Sources
- Communication
avec M. Claude Antony Maire-adjoint de Bobigny (2 novembre 1989).
- Brochure
« 40ème anniversaire des
camps de la mort » in « Bonjour
Bobigny » d’avril 1985.
- Archives
communales, 11 sept 1990.
- © Gilbert
Joubert, Pdf Cercle d’Etudes et de Recherches Historiques de Bobigny Balbiniacum
CERHBB (rues et plaques).
- Archives
de la Préfecture de police de Paris, cartons occupation allemande, Carnet B, BA
1774.
- Fichier
national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains
(BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre
1993 par André Montagne.
- Témoignage
de Fernand Devaux.
- Avis
de décès (1992).
- Death
Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé
essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis
au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31
décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Caserne
des Tourelles in © prisons-cherche-midi-mauzac
Biographie mise à jour en avril 2014 par
Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 »
Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille
otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000»,
éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces
références (auteur et coordonnées du blog) en cas de reproduction ou
d’utilisation totale ou partielle de cette biographie. Pour la compléter
ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel
à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com Pensez à indiquer les
sources et éventuellement les documents dont vous disposez pour confirmer ces
renseignements et illustrer cette biographie.
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