Pierre
(Louis) Piazzalunga est né à Paris 14ème le 26 février 1912. Il est
le fils d’Edith Piazzalunga.
Au
moment de son arrestation, il habite une maisonnette au 14 avenue des Mesarmes
à Bondy (Seine / Seine-Saint-Denis) où une petite colonie italienne existe
depuis les années 1920.
Il
est terrassier.
Pierre
Piazzalunga vit maritalement avec Germaine Langlois, qu’il épousera le 11
février 1939 à Bondy. Le couple a deux enfants, Louise-Berthe, qui nait le 25
juin 1931, et Louis-Pierre, le 17 avril 1937.
Pierre
Piazzalunga s'engage dans les Brigades
Internationales durant la guerre d'Espagne. Il est possible qu’il ait été
intégré dans la 12ème Brigade au sein du bataillon Garibaldi, car il
est rapatrié pour raisons de famille (son fils est né trois mois avant) le 18
juillet 1937 depuis la base d’Albacete, où il est mentionné comme italien.
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Préparation de l'arrestation des brigadistes (RG) |
Il
est connu des services de police à son retour en France comme ancien brigadiste.
En
effet Pierre Piazzalunga est arrêté le 24 décembre 1941 à Bondy. Ce jour-là, vers 6
heures du matin débute une vague d’arrestations organisées par la police
française à l’encontre d’anciens volontaires des Brigades internationales
connus des services de police. La veille, les commissariats concernés ont reçu
des instructions précises des Renseignements généraux concernant leur
arrestation (document ci-contre).
Pierre
Piazzalunga est conduit avec ses camarades à la caserne des Tourelles (2) le
même jour.
Le
26 décembre 1941, le Préfet de police de Paris François Bard, ordonne son internement administratif au CSS des Tourelles.
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© montage Pierre Cardon |
Pierre
Piazzalunga va y subir avec ses camarades les conditions épouvantables
imposées à des internés dont le nombre variera de 400 à 600 personnes. A cela
s'ajoute une sous-alimentation chronique entraînant bon nombre de maladies :
entérites gastro-intestinales, affections cardiaques, tuberculose.
Parmi
les 20 brigadistes de la région parisienne déportés à Auschwitz dont nous
connaissons pour le moment les dates d’arrestation, 7 autres de ses camarades
sont arrêtés dans la même période. Il s’agit de Jean
Cazorla d’Aubervilliers, Elie
Delville de Paris 19ème, Fernand Godefroy d’Epinay , Maurice
Fontès de Choisy, Raymond
Legrand de Paris 3ème,
André
Steff de
Vanves, Fernand
Tilliet de
Vanves.
Le
5 mai 1942, à la demande des autorités allemandes, Pierre Piazzalunga est extrait
du Centre de séjour surveillé des Tourelles avec un groupe « d’internés
administratifs de la police judiciaire », classés comme
« indésirables » (3). Ils sont convoyés par des gendarmes français à
la gare du Nord. Mis à la disposition des autorités allemandes, ils sont internés
au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag
122), le jour même en tant qu’otages. Les « indésirables » des
Tourelles seront tous déportés le 6 juillet 1942.
A
Compiègne, Pierre Piazzalunga reçoit le matricule n° 5189. Il passe par le
bâtiment C1 où sont installées les douches et qui sert de centre de triage,
avant de passer la nuit au C5. Il est ensuite affecté à un autre bâtiment.
Depuis
ce camp, Pierre Piazzalunga va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour
comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, voir les
deux articles du blog : La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une
déportation d’otages».
Depuis
ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la
politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, voir les deux articles du
blog : La politique allemande des
otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
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Cf Article du blog : Les wagons de la Déportation |
Pierre
Piazzalunga est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit
des «45000». Ce convoi d’otages
composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques
du parti et syndicalistes de la
CGT ) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au
moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de
représailles allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux
de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin
contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht , à partir d’août 1941. Lire dans le
blog le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz
: 6-8 juillet 1942.
Son
numéro d’immatriculation lors de son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 est
inconnu. Lire dans le blog le récit du premier jour à Auschwitz : L'arrivée
au camp principal, 8 juillet 1942. et 8
juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, "visite médicale".
Le numéro "45981 ?"
figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942
correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par
matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr
en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la
persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur
plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
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Dessin de Franz Reisz, 1946 |
Après
l’enregistrement, Pierre Piazzalunga passe la nuit au Block 13 (les 1170
déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont
conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp
principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les
spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et
vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les
autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun
des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant
l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est
affecté à cette date.
Pierre
Piazzalunga meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942 d’après
le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from
Auschwitz Tome 3 page 926 et le
site internet © Mémorial et Musée d’Etat
d’Auschwitz-Birkenau)
où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication
« Katolisch » (catholique).
Il convient de souligner que cent quarante-huit «45000» ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz les 18
et 19 septembre 1942, ainsi qu’un nombre important d’autres détenus du camp
enregistrés à ces mêmes dates. D’après les témoignages des rescapés, ils ont
tous été gazés à la suite d’une vaste sélection
interne des inaptes au travail,
opérée dans les blocks d’infirmerie. Lire dans le blog : Des causes de décès fictives.
Dans
les années
d'après-guerre, l’état civil français a fixé des
dates de décès fictives (le 1er, 15 ou 30, 31 d'un mois estimé) à
partir des témoignages de rescapés, afin de donner accès aux titres et pensions
aux familles des déportés. Pour Pierre Pazzalunga cette date a été fixée au 15
janvier 1943 (témoignages d’Henri Gorgue, ancien brigadiste et Raymond St Lary).
Un
arrêté ministériel du 31 juillet 1997 paru au Journal Officiel du 14 décembre 1997
porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements
déclaratifs et reprend la date fictive du 15 février 1943 à Auschwitz (arrêté
commun à d’autres « 45000 »). Il serait
souhaitable que le ministère prenne désormais en compte, par un nouvel arrêté, les
archives du camp d’Auschwitz emportées par les Soviétiques en 1945, et qui sont
accessibles depuis 1995 et consultables sur le site internet du © Mémorial
et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau Voir l’article : Les dates de décès des "45000" à Auschwitz.
Son
épouse, qui habite alors au 20 rue des Mesarmes, engage en 1957 des démarches
pour qu’il soit homologué « Déporté
Résistant ». Comme pour beaucoup d’autres « 45000 » cette
demande est refusée par la commission. Lire dans le blog « La
carte de "Déporté-Résistant ».
Pierre Piazzalunga
est homologué « Déporté politique ».
- Note 1 : Son premier prénom est Louis pour l’Etat civil. Il figure ainsi sur le site Internet officiel © Legifrance. Mais pour les RG aux Tourelles et lors de son enregistrement à Auschwitz, il a donné Pierre comme prénom (livre des morts), c’est donc ce prénom que nous avons retenu.
- Note 2 : La caserne des Tourelles, « Centre de séjour surveillé » : Ouvert d’abord aux Républicains espagnols, entassés par familles entières, aux combattants des Brigades internationales, interdits dans leurs propres pays. Les rejoignent de nombreux réfugiés d’Europe centrale fuyant la terreur nazie, des indésirables en tous genres, y compris, bien sûr, les « indésirables » français : communistes, gaullistes et autres patriotes (on ratissait large), juifs saisis dans les rafles, «droit commun» aux causes bien datées (marché noir). France Hamelin in Le Patriote Résistant N° 839 - février 2010. Ce Centre de séjour surveillé fonctionne dans l'ancienne caserne d'infanterie coloniale du boulevard Mortier à Paris. En 1942, deux bâtiments seulement étaient utilisés, un pour les hommes et un pour les femmes. Ils étaient entourés de fil de fer barbelé. Chaque bâtiment disposait de 3 WC à chasse d'eau, largement insuffisants. Des latrines à tinette mobile étaient en outre disposées dans l'étroit espace réservé à la promenade. La nuit, une tinette était placée dans chaque dortoir … © In site Internet Association Philatélique de Rouen et Agglomération.
- Note 3 : « Indésirables » : des militants communistes (dont plusieurs anciens des Brigades Internationales) et des « droits communs ».
Sources
- Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche et dossier individuel consultés en octobre 1992.
- Mairie de Bondy (1990).
- Archives de la Préfecture de police, cartons occupation allemande, Carnet BA 1837 et BA 2447.
- Fonds des Brigades internationales du RGASPI. Mfm 880. BDIC.
- Death Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Site Internet Legifrance.
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
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