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Miguel Martin D.r. |
Matricule «45850»
à Auschwitz
(Miguel) Michel Martin est né le 8 mai 1890 à Siguenza, province de Guadalajara (Espagne).
Il
habite dans des HBM du quartier Porte de Montreuil, au 6 rue Félix Terrier à
Paris 20ème au moment de son arrestation.
Il
travaille comme cordonnier.
Il est naturalisé français en 1927 et change son prénom en Michel.
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Les HBM du 6 rue Félix Terrier |
Michel Martin est membre du Parti communiste Français, au « deuxième rayon » de
Paris.
Dès
février 1941, la recrudescence de la propagande communiste clandestine dans les
arrondissements de l’est parisien inquiète la police française. Des filatures,
perquisitions et arrestations (Frédéric
Ginollin, René
Aondetto) sont opérées par les renseignements généraux de février à octobre
1941 dans le 20ème arrondissement. Le 24 octobre 1941, la police
perquisitionne, sans succès, au domicile de Miguel Martin connu comme « militant communiste convaincu ».
Michel Martin Martin est arrêté le 28 avril 1942 parce que répertorié par la police de Vichy comme communiste, en même temps qu’Alexandre
Varoteaux (qui sera lui aussi déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet
1942).
Ce
jour-là en effet une rafle est effectuée par l’occupant dans tout le
département de la Seine. Lire dans le blog La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette
politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages
déjà internés et arrêtent 387 militants, dont la plupart avaient déjà été arrêtés
une première fois par la police française pour « activité communiste »
depuis l’armistice et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres sont des
militants connus ou suspectés par les services de police de poursuivre une
activité clandestine (c’est le cas de Miguel Martin). Il s’agit de représailles
ordonnées à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril un soldat de
première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats dans un autobus
parisien, le 22 avril un militaire est blessé à Malakoff).
Michel Martin est ensuite remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci
l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
Michel Martin est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000». Ce convoi d’otages composé, pour
l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et
syndicalistes de la CGT)
et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur
enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles
allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions
armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et
des soldats de la Wehrmacht,
à partir d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du
transport : Compiègne-Auschwitz
: 6, 7, 8 juillet 1942.
Sa
photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des
membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver
de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation
d’Auschwitz.
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Dessin de Franz Reisz, 1946 |
Après l’enregistrement, Michel Martin passe la nuit au Block
13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet
tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du
camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les
spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et
vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les
autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de
temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp
il est affecté à cette date.
Michel Martin meurt à Auschwitz le 10 août 942 d’après
le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from
Auschwitz Tome 3 page 784 et le
site internet © Mémorial
et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates, lieux
de naissance et de décès, avec l’indication « katholisch » (catholique). Ce même jour 20 autres de ses
camarades sont déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz. D’après les
témoignages des rescapés, ils ont tous été gazés à la suite d’une sélection interne des inaptes au travail, opérée dans les
blocks d’infirmerie. Lire dans le blog : Des causes de décès
fictives.
Un
arrêté ministériel du 10 novembre 1994 paru au Journal Officiel du 11 janvier 1995
porte apposition de la mention «Mort en
déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès (Michel, Miguel) en prenant comme date de
décès le 11 août 1942 à Auschwitz.
Michel Martin est déclaré « Mort pour la France »
et homologué comme « Déporté
politique ».
Sources
- Fichier
national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains
(BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre
1992.
- Liste
(incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les
historiens du Musée d'Etat d'Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes
des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant
généralement la date de décès au camp.
- Death
Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État
d’Auschwitz-Birkenau,
1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de
décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et
le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Site Internet
Legifrance.
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par
l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
- Echange de courriels avec M. Pierre Martin, son petit-fils, qui m'a transis la photo de Michel Martin (octobre 2015).
Biographie mise à jour en octobre 2015 à partir de la
notice rédigée en 2002 par Claudine Cardon-Hamet pour l’exposition de Paris de
l’association «Mémoire vive». Claudine
Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz,
le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement,
2005 Paris et de Mille otages pour
Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein,
Paris 1997 et 2000 (épuisé). *Prière de mentionner ces références (auteur et
coordonnées de ce blog) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou
partielle de cette biographie. Pour compléter ou corriger cette
biographie, vous pouvez me faire un courriel deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
Pensez à indiquer les sources et éventuellement les documents dont vous
disposez pour confirmer ces renseignements et illustrer cette biographie.
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