46274
Maurice Ferstla est né le 27 janvier
1893 à Ustrom en Silésie (Pologne).
Il
habite au 5 rue du Soleil dans le 20ème arrondissement de Paris au
moment de son arrestation.
Il est arrêté à Paris
au cours de la deuxième grande rafle des Juifs résidant dans plusieurs arrondissements de la capitale, dont le 20ème, Rafle opérée dans le
cadre de représailles après des attentats commis contre des soldats allemands.
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20, 21 22 août 1942 , 4232 hommes transférés à Drancy |
« Du 20 au 24
août 1941, une grande rafle a lieu à Paris. Cette rafle est d'abord menée, le
20 août, dans le 11ème, puis étendue, le 21, aux 10ème,
18ème, 19ème et 20ème arrondissements. Lors de
cette rafle, la police française collaborant avec la Feldgendarmerie allemande,
arrête tous les Juifs - hommes exclusivement - français et étrangers
de 18 à 50 ans. 4 232 personnes (sur
les 5 784 personnes que prévoyaient les listes) sont
arrêtées et emprisonnées à Drancy, dans la cité de la Muette devenue camp d'internement de Juifs. Elle est désormais
identifiée sous le nom de « camp de Drancy » (Wikipédia).
Au camp de Drancy (source BAVCC), Maurice Ferstla reçoit le matricule
2779.
Il
est transféré de Drancy au camp allemand de Compiègne (Frontstalag 122) le 29 avril 1942. Il
fait partie d’un transfert de 784 Juifs de Drancy vers Compiègne, où ils sont
internés dans le camp « C » dans le "camp des Juifs". 751 d’entre eux sont déportés le 5 juin
1942 à Auschwitz. Les autres, comme Maurice Ferstla et Abraham Wajbrot, seront
déportés dans le convoi du 6 juillet 1942 avec notamment les 27 otages juifs de Caen qui ont
été transférés le 4 mai à Compiègne.
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Extrait de la liste du convoi du 5 juin 1942 |
Donc la présence du nom de Maurice Ferstla sur une liste des déportés à
Auschwitz par le convoi n° 02 (1) au départ de Compiègne le 05 juin 1942
(source @ Mémorial de la Shoah), ne doit pas nous tromper, il n’a pas été déporté dans ce convoi, avec les 50 otages Juifs du convoi du 6 juillet 1942.
En
témoignent d’une part sa fiche conservée au BAVCC et d’autre part son numéro
d’immatriculation à Auschwitz : les déportés du convoi du 5 juin 1942 ont
reçu des numéros nettement antérieurs à ceux du convoi dit des
« 45000 » : par exemple le numéro d’immatriculation à Auschwitz
de Samuel Finkel de Clichy, qui est le nom du déporté qui suit immédiatement
celui de Maurice Ferstla sur la liste du convoi n° 2 est le « 38426 » à Auschwitz. Alors que
celui de Maurice Ferstla est le « 46274 ».
Ils
sont ainsi plusieurs otages juifs arrêtés comme tels, dont le départ à été
différé et dont le nom figure sur les listes du convoi dit n° 2 par le Mémorial
de la Shoah.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, voir les deux articles du blog : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages». Maurice
Ferstla est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000». Ce convoi d’otages composé, pour
l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et
syndicalistes de la CGT)
et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur
enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles
allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions
armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et
des soldats de la Wehrmacht,
à partir d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du
transport : Compiègne-Auschwitz
: 6, 7, 8 juillet 1942.
Sa
photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des
membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver
de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation
d’Auschwitz.
Après
l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y
sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp
annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13
juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS
ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz
I (approximativement la moitié du convoi). Les autres, restent à Birkenau, employés
au terrassement et à la construction des Blocks. Tous les déportés Juifs du
convoi, excepté David Badache, restent à Birkenau.
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Dessin de Franz Reisz, 1946 |
Maurice
Ferstla meurt le 28 juillet 1942 à Birkenau, 20 jours après son arrivée, d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death
Books from Auschwitz Tome 2 et le
site internet © Mémorial
et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates et lieux
de naissance et de décès, son numéro matricule et avec l’indication « Mosaich » (confession israëlite,
Juif).
- Note 1 : Dans le cadre
de son considérable travail mémoriel, Serge Klarsfeld a numéroté tous les
convois raciaux partis de France à direction d’Auschwitz, en reprenant les
numéros attribués par les Nazis. Les convois n° 1 et 2 sont partis les 27 mars
et 5 juin 1942 de Compiègne. 67 autres partiront de Drancy, 5 de Pithiviers, 2
de Beaune la Rolande et 1 de Lyon.
Mais
on trouve dans les listes du Mémorial de la Shoah, un numéro - le n°
451 sans précision de sa date de départ - qui correspond au convoi du 6 juillet
1942. S’il s’agit d’un convoi composé pour l’essentiel d’otages politiques,
leur déportation s’inscrit dans le cadre de la politique allemande des otages
contre le « judéo-bolchevisme » qui s’applique directement aux
convois n° 1 et 2. Il comprend de plus de 50 otages Juifs déportés comme tels, et
sa terrible mortalité (89 %) est proche de celle des convois raciaux. On remarque que le numéro 451 introduit une
confusion dans la chronologie : il est en effet historiquement le 3ème convoi
parti de Compiègne pour Auschwitz, et le 6ème des convois
partis de France pour Auschwitz.
Sources
- Drancy : Bundesarchiv,
183 B10920, Frankreich, Paris, festgenommene Juden im Lager.
- Bureau
des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la
Défense, Caen (dossier individuel consulté).
- Liste
(incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les
historiens du Musée d'Etat d'Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des
victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant
généralement la date de décès au camp.
- Death
Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État
d’Auschwitz-Birkenau,
1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de
décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et
le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Mémorial de la Shoah, Centre de documentation
juive contemporaine (CDJC). Paris IVème.
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par
l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
Biographie mise à jour en février
2014 à partir de la notice rédigée en 2002 par Claudine Cardon-Hamet pour
l’exposition de Paris de l’association «Mémoire
vive». Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages
: «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 »
Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille
otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000»,
éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces
références (auteur et coordonnées de ce blog) en cas de reproduction ou
d’utilisation totale ou partielle de cette biographie. Pour compléter ou
corriger cette biographie, vous pouvez me faire un courriel deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
Pensez à indiquer les sources et éventuellement les documents dont vous
disposez pour confirmer ces renseignements et illustrer cette biographie.
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