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André Lanvert en 1940 (DR famille Lanvert) |
André
Lanvert
est né le 28 janvier 1913 à Bully-Grenay, chef-lieu du Pas-de-Calais devenu
Bully-les-Mines en 1925.
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17 rue de la Roquette |
Depuis le mois d'avril 1932 il habite au 17 rue de la Roquette Paris 11ème jusqu'à son arrestation (au dessus du bureau de Poste).
Il est le fils de Lucienne, Marguerite Durin, 24 ans (née le 20 mars 1888 à Bezenet, Allier) et de Gustave
Lanvert, 31 ans (né le 21 août 1882 à St Bonnet de Four, Allier), mineur à la Compagnie des mines de Béthune, son époux. Ses parents se sont mariés à Bezenet le 22 juin 1907. Il a une sœur, Eugénie Marie (épouse Dorot née en 1908 dans le Pas-de-Calais). En 1936, André Lanvert habite au 17,
rue de la Roquette à Paris 11e, appartement n° 13, juste à côté du
n° 12 occupé par sa sœur Andrée, employée de bureau et son époux, René Dorot,
tonnelier (recensement du 11ème arrondissement 1936).
Le 31 décembre 1938, il épouse à
la mairie de Charenton (Seine / Val-de-Marne), Jeanne Darmes, née le 14 août
1914 à Paris 12e, dactylographe (elle décède le 8 juin 1946 à
Charenton). Le couple a un garçon prénommé Gérard.
André Lanvert travaille comme
employé de bureau.
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Camionnettes UNIC |
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Enquête de police, 1956 |
Selon l'enquête effectuée en 1956, dans les archives de renseignements généraux, par les services de la Préfecture de Police de Paris pour son homologation au titre de Déporté politique, il est un des responsables de la
cellule du Parti communiste aux usines UNIC à Suresnes-Puteaux (fabrication de
poids lourds, camions et cars). Il y côtoie Gabriel
Ponty et Jules
D’Haese qui seront déportés le 6 juillet 1942 avec lui.
A la déclaration de guerre en 1939, André Lanvert, conscrit de la classe 1933, est mobilisé au 150e régiment d’Infanterie.
Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht
entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse
d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire
allemand en France.
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André Lanvert en 1940 |
Actif dans la clandestinité, André
Lanvert est arrêté une première fois le 30 décembre 1940 par des policiers
français du commissariat de Puteaux en liaison avec la Brigade spéciale des
Renseignements généraux (lire dans le blog La
Brigade Spéciale des Renseignements généraux), « ainsi que d‘autres camarades » dit madame Denise Tourte, qui
sera également arrêtée. Ceux-ci sont arrêtés à des dates différentes.
Le registre du 31 décembre de la BS1 des Renseignements généraux récapitule cette rafle qui a concerné 20 personnes soupçonnées d’activités communistes clandestines. Sur les 20, quinze sont dirigés vers le dépôt de la Préfecture et inculpées. Parmi eux, René Caron, André Lanvert, Lucien Tourte, et Félix Vinet.
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Registre de la BS1 des Renseignements généraux du
31 décembre 1940
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André Lanvert est inculpé
d’infraction au décret du 26 septembre 1939 interdisant les organisations
communistes.
Il est condamné le 29 avril 1941 par la 12ème
chambre correctionnelle de Paris à trois mois de prison. Il est libéré le
lendemain ayant accompli sa peine pendant son emprisonnement préventif.
André Lanvert est arrêté une seconde fois le
28 avril 1942 par des policiers allemands et français. Ce jour-là une rafle est effectuée par
l’occupant dans tout le département de la Seine. Lire dans le blog La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette
politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages
déjà internés et arrêtent 387 militants, dont la plupart, comme André Lanvert, avaient déjà été arrêtés
une première fois par la police française pour « activité communiste »
depuis l’armistice et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres sont
connus ou suspectés par les services de police. Il s’agit de représailles
ordonnées à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril un soldat de
première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats dans un autobus
parisien, le 22 avril un militaire est blessé à Malakoff).
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Depuis le camp de Compiègne, André Lanvert est déporté dans le
convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000» (
1170 déportés immatriculés à
Auschwitz dans la série des matricules « 45.000 » et
« 46.000 », d'où le nom "convoi des 45000" que les rescapés
se sont donné).
Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes
(responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine
d’otages juifs, fait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en
France, les Judéo-bolcheviks
responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti
communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir
d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz
: 6-8 juillet 1942.
S
ur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont
présents à l'arrivée du train en gare d'Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces
derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d'Auschwitz (camp
souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre
les numéros « 45157 » et « 46326 ». Lire dans le blog : Le
KL Aushwitz-Birkenau. Ce matricule - qu'il doit apprendre à dire en allemand et en
polonais à toute réquisition - sera désormais sa seule identité pour les
SS et les Kapos.
Son numéro d’immatriculation lors de son
arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 est inconnu. Lire dans le blog le
récit du premier jour à Auschwitz : L'arrivée
au camp principal, 8 juillet 1942. et 8
juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, "visite médicale".
Le numéro "45734 ?"
figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942
correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par
matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr
en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la
persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur
plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
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Dessin de Franz Reisz |
Après l’enregistrement, André Lanvert passe
la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux
pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau,
situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est
interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs
ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement
la moitié du convoi. Les autres, comme André Lanvert restent à Birkenau, employés
au terrassement et à la construction des Blocks.
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Kommando Terrasse (@ musée d'Auschwitz) |
Si Aimé
Oboeuf , affecté au Kommando « Terrasse » à Birkenau en 1942, ne savait pas qu’il y avait
dans le convoi un autre déporté originaire comme lui du Pas-de-Calais (il l’écrit
à Roger Arnould en 1971), il se souvient qu’André Lanvert (qu’il dit avoir
connu à Charenton), se fait affecter à Birkenau à un Kommando réputé très dur
(assèchement des marais) pour toucher double ration et pouvoir échanger de la
nourriture contre des cigarettes.
André Lanvert meurt à Birkenau le 13
septembre 1942 d’après le certificat de décès
établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 692 et le site internet © Mémorial et Musée
d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates et lieux de
naissance et de décès, et avec l’indication « Katolisch » (catholique).
Un arrêté ministériel du 7 octobre 1994, paru
au Journal Officiel du 9 décembre 1994, porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et
jugements déclaratifs de décès.Mais cet acte porte une mention inexacte « décédé le 30 novembre 1942 à Auschwitz
(Pologne) ». Si dans les années d'après-guerre, l’état civil français a fixé des dates de décès fictives
(le 1er, 15 ou 30, 31 d'un mois estimé) à partir des témoignages de
rescapés, afin de donner accès aux titres et pensions aux familles des déportés,
il serait souhaitable que le ministère prenne désormais en compte, par un
nouvel arrêté, les archives du camp d’Auschwitz emportées par les Soviétiques
en 1945, et qui sont accessibles depuis 1995 et
consultables sur le site
internet du © Mémorial
et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau Voir l’article : Les dates de décès
des "45000" à Auschwitz.
André Lanvert est homologué comme « Déporté
politique ».
Sources
- Fichier national de la Division des archives des
victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
- Témoignage de sa sœur, Madame Dorot, cité dans l'enquête administrative du 18 février 1956 effectuée pour son homologation comme Déporté politique.
- Attestation de Pierre Monjault.
- Souvenirs d’Aimé Obeuf (courrier à Roger
Arnould en 1971 et notes volantes prises par celui-ci, sans dates).
- Death Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État
d’Auschwitz-Birkenau,
1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de
décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et
le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Dessin de Franz
Reisz, in « Témoignages sur
Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz
(1946).
- Correspondance avec sa petite fille, Madame Hélène Lanvert (novembre 2016).
- Photo collection familiale, Gérard Lanvert (son fils).
Archives de la Préfectures de
police de Paris, dossiers Brigade spéciale des Renseignements généraux,
registres journaliers.
Notice biographique mise à jour en 2014, 2016, 2017 et 2019 à partir de la notice rédigée en 2002 par Claudine Cardon-Hamet pour
l’exposition de Paris de l’association «Mémoire
vive». Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages
: «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 »
Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille
otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000»,
éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces
références (auteur et coordonnées de ce blog) en cas de reproduction ou
d’utilisation totale ou partielle de cette biographie. Pour compléter ou
corriger cette biographie, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
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