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Le camp d'Auschwitz-Birkenau |
Lucien Moreau est né le 10 mai 1922 à Paris (6ème).
Il habite
au 9 rue du Château des Rentiers à Paris (13ème) au moment de son
arrestation.
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Le 9 château des rentiers |
Il est
célibataire et travaille comme polisseur.
Il est
communiste, ancien adhérent de la JC.
Pendant la guerre, il n’est pas mobilisé, sa
classe n’ayant pas été appelée. Il a conservé le contact avec ses anciens
camarades de la JC et il participe avec eux à des distributions de tracts.
Lucien
Moreau est arrêté le 31 janvier 1941 pour « propagande communiste »
avec deux autres jeunes, Jean Roy et Lucien Borie. Déférés au Procureur de la
République, ils sont incarcérés à la Santé le même jour, en attente de jugement.
Celui-ci a lieu en février. Lucien Moreau et Jean
Roy sont condamnés par la douzième chambre du Tribunal de la Seine à quatre
mois d’emprisonnement, Lucien Borie à 10 mois. Tous trois font appel du
jugement. Le 25 mars, en appel, la peine de quatre mois de prison est confirmée
pour Lucien Moreau et Jean Roy. Ils sont transférés à Fresnes d’où ils sont
libérés à l’expiration de leur peine.
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Tract JC, novembre 1940 |
Lucien Moreau et Jean Roy sont à nouveau arrêtés
le 28 avril 1942. Ce jour-là une rafle est effectuée par l’Occupant dans tout
le département de la Seine. Lire dans le blog La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette
politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages
déjà internés et arrêtent 387 militants, dont la plupart avaient déjà été arrêtés
une première fois par la police française pour « activité communiste »
depuis l’armistice et libérés à l’expiration de leur peine. Il s’agit de
représailles ordonnées à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril
un soldat de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats dans un
autobus parisien et le 22 avril un militaire allemand est blessé à Malakoff).
Lucien Moreau est interné le même jour au
camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
Lucien Moreau est déporté à Auschwitz dans le
convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000».
Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes
(responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine
d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz)
faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en
France, les Judéo-bolcheviks
responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti
communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir
d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz
: 6, 7, 8 juillet 1942.
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Dessin de Franz Reisz, 1946 |
Son numéro d’immatriculation lors de son
arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 est inconnu. Lire dans le blog le
récit du premier jour à Auschwitz : L'arrivée
au camp principal, 8 juillet 1942. et 8
juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, "visite médicale".
Le numéro "45894 ?"
figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942
correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par
matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr
en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la
persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur
plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
Après l’enregistrement, il passe la nuit au
Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9
juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4
km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa
profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont
sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du
convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la
construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée
par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de
savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Lucien
Moreau meurt à Auschwitz le 14 octobre 1942 d’après
le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from
Auschwitz Tome 3 page 828 et le
site internet © Mémorial et Musée d’Etat
d’Auschwitz-Birkenau)
où il est mentionné avec ses dates et lieux de naissance et de décès, et avec l’indication
« Katolisch » (catholique).
Il semble qu’aucun arrêté ministériel n’ait décidé apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et
jugements déclaratifs de décès.
Sources
- Fichier national du Bureau des archives des
victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
- Le 13ème
arrondissement de Paris, du Front populaire à la Libération (EFR 1977) ouvrage
collectif de Louis Chaput, Germaine Willard, Roland Cardeur, Auguste Monjauvis et son frère Lucien.
- Tract de la Jeunesse communiste in @ BNF Gallica
- Death Books from Auschwitz (registres des morts d'Auschwitz), Musée d’État
d’Auschwitz-Birkenau,
1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de
décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et
le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Archives de la Préfecture de police
de Paris, Cartons occupation allemande, BA 2374.
- © Dessin de Franz
Reisz, in « Témoignages sur
Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz
(1946).
Biographie
(provisoire) mise à jour en novembre 2013 à partir de la notice rédigée
en 2002 par Claudine Cardon-Hamet pour l’exposition de Paris de l’association «Mémoire vive». Claudine Cardon-Hamet,
docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions
Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet
1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de
mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce blog) en cas de
reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette
biographie. Pour compléter ou corriger cette biographie, vous pouvez me
faire un courriel deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
Pensez à indiquer les sources et éventuellement les documents dont vous
disposez pour confirmer ces renseignements et illustrer cette biographie.
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