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Henri Bockel le 8 juillet 1942 |
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Henri Bockel |
Matricule « 45260 » à Auschwitz
Henri Bockel est né le 2 novembre 1920 à Paris (12ème).
Il est le fils de Marie Duss et d’Eugène Bockel.
Il
vit ou est marié (fiche du DAVCC) avec Georgette Hockart, et le couple a une
personne à sa charge. Henri Bockel habite au 16 rue Blanche à Arcueil (Seine / Val-de-Marne)
au moment de son arrestation.
"Il travaille du 9 octobre 1935 au 22 janvier 1936 comme "petite main ajusteur" à la Société des avions Hanriot (1 route d'Orléans à Arcueil), qu'il quitte par manque de travail. Il est réembauché par la même entreprise du 23 mars 1936 au 13 janvier 1937.
L'entreprise Hanriot ayant été nationalisée en 1936 est absorbée par la Société Nationale des constructions Aéronautiques du Centre (SNCAC) située 167 rue de Silly à Billancourt. Henri Bockel y travaille comme ajusteur du 13 janvier 1937 au 24 aoôut 1940, date de la fermeture de l'usine". (in
« Gnôme et Rhône : 39-45
parcours de 67 salariés » par Serge Boucheny et Dominique Guyot, page
73. Association d’Histoire Sociale CGT de la SNECMA).
Le mardi 3 décembre 1940, Henri Bockel est arrêté une première fois pour
« activité communiste » (distribution
de tracts sur la commune de Gentilly, avec un groupe d’autres
jeunes communistes d’Arcueil, Cachan et l’Häy-les-Roses (Lucien G., Roger J. et Paul Watel, fils d’Albert
Watel, ainsi que Jean
Paupy, Robert
Prunier déportés à Auschwitz avec Albert Watel père).
Cette arrestation est opérée par la Brigade spéciale des RG et des agents du commissariat de Gentilly. Lire dans le blog La
Brigade Spéciale des Renseignements généraux.
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Registre journalier de la Brigade spéciale des RG. 6 décembre 1940 |
Le 4 décembre Henri Bockel est inculpé
avec ses camarades d’infraction aux articles 1 et 3 du décret du 26 septembre 1939
(dissolution du Parti communiste). Henri Bockel est conduit le 5 décembre au
Dépôt de la maison d’arrêt de la Santé, mis à la disposition du Procureur.
Le
25 janvier 1941, la chambre des mineurs du tribunal correctionnel de la Seine (15ème
chambre) le condamne à dix mois d’emprisonnement avec sursis, comme ses
camarades. Il est transféré
au dépôt de la Préfecture de la Seine le 26 janvier 1941. Il est alors libéré
(1), alors que ses camarades sont internés administrativement.
"Il travaille dans la société DF à Gentilly du 24 novembre au 8 avril 1942. Le landemain, il est embauché par la Société des Moteurs Gnôme et Rhône (SMGR) en qualité de perceur. Il est porté "sorti" le 27 avril avec la mention "absence prolongée. En fait Henri Bockel fait partie depuis janvier 1942 du groupe Andréoli des FTPF" (in « Gnôme et Rhône : 39-45 parcours de 67 salariés » p. 73).
Henri
Bockel est de nouveau arrêté comme otage communiste le 28 avril 1942, par la
police allemande aidée de la police française. Ce jour-là une rafle est
effectuée par l’occupant dans tout le département de la Seine. Lire dans le
blog La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette
politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages
déjà internés et arrêtent 387 militants, dont la plupart avaient déjà été arrêtés
une première fois par la police française pour « activité communiste »
depuis l’armistice et libérés à l’expiration de leur peine. Il s’agit de
représailles ordonnées à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril
un soldat de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats dans un
autobus parisien, le 22 avril un militaire est blessé à Malakoff).
Henri
Bockel est interné le jour même au camp de détention allemand de Royallieu, à
Compiègne (Oise), gardé par la Wehrmacht.
Henri
Bockel est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000». Ce convoi d’otages composé, pour
l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et
syndicalistes de la CGT)
et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur
enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles
allemandes destinées à combattre, en France, les Judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions
armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et
des soldats de la Wehrmacht,
à partir d’août 1941. Lire dans le blog le récit des deux jours du
transport : Compiègne-Auschwitz
: 6-8 juillet 1942.

Sa
photo d’immatriculation à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des
membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver
de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation
d’Auschwitz. Cette photo
d’immatriculation a été identifiée par des rescapés de son convoi (3).
Après
l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y
sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp
annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13
juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS
ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz
I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés
au terrassement et à la construction des Blocks. Aucun des documents sauvés de
la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz,
ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté.
Henri
Bockel meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942 d’après le certificat de décès
établi au camp d’Auschwitz (in Death
Books from Auschwitz Tome 2 page 108).
Il
convient de souligner que cent quarante-huit «45000» ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz les 18
et 19 septembre 1942, ainsi qu’un nombre important d’autres détenus du camp
enregistrés à ces mêmes dates.
D’après
les témoignages des rescapés, ils ont tous été gazés à la suite d’une vaste « sélection » interne des « inaptes au travail », opérée dans
les blocks d’infirmerie. Lire dans le blog : Des causes de décès fictives
Il
est déclaré « Mort pour la France »
le 20 septembre 1947 et homologué comme « Déporté politique ».
Le
nom d’Henri Bockel est honoré sur la stèle des déportés, en « hommage aux victimes de la
Seconde guerre mondiale (1939-1945) » d’Arcueil.
- Note 1. Plusieurs futurs déportés à
Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942, ont également bénéficié d’un sursis
en raison de leur jeune âge et ont été libérés (Roger Mercier, Georges Marin, Roger
Chopin) après leur condamnation. Ils ont tous ensuite été raflés le 28 avril 1942.
Mais d’autres jeunes ayant également bénéficié d’un sursis ont été internés
administrativement à l’issue du jugement (Marcel Algret, Jean Paupy, Robert
Prunier).
- Note 2 : 522 photos d’immatriculation des
« 45000 » à Auschwitz ont été retrouvées. A la Libération elles ont
été conservées dans les archives du musée d’Auschwitz. Des tirages de ces
photos ont été remis à André Montagne, vice-président de l'Amicale d'Auschwitz,
qui me les a confiés.
- Note 3 : 122 «45.000» sont identifiés le 30 avril 1948 par les rescapés et
familles des déportés du convoi, à partir des photos d’immatriculation de près
de 522 de leurs camarades reçues de Pologne (Le Patriote Résistant N°20).
Sources
Notice Biographique installée en octobre 2013 (mise à jour en 2017 et 2018) par Claudine Cardon-Hamet,
docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles
rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions
Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet
1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de
mentionner ces références (auteur et coordonnées du blog) en cas de reproduction ou d’utilisation
totale ou partielle de cette biographie. Pour la compléter ou la corriger,
vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
Pensez à indiquer les sources et éventuellement les documents dont vous
disposez pour confirmer ces renseignements et illustrer cette biographie.
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