Matricule 45930 à Auschwitz
Gustave
Nourry est né le 12 mars 1890 au
domicile de ses parents à Guérigny (Nièvre). Il habite au 7 rue Pascal à
Chalette-sur-Loing (Loiret) au moment de son arrestation.
Il est
le fils de Marie Lavache, 27 ans, sans profession et de Hubert Nourry,
29 ans, lamineur, son époux.
Son registre matricule militaire
indique qu’il habite Guérigny au moment du conseil de révision et travaille
comme ouvrier de Marine Pilonnier aux « Forges de la Chaussade ». Il
sera chaudronnier ultérieurement. Il a un niveau d’instruction « n°
3 » pour l’armée (sait lire, écrire
et compter, instruction primaire développée).
Conscrit de la classe 1910
(matricule 608), Gustave Nourry est appelé sous les drapeaux fin septembre
1911. Il est incorporé au 90ème régiment d’infanterie le 1er
octobre 1921 pour une durée de deux ans. Il est réformé temporairement par la
commission spéciale de Châteauroux le 13 octobre pour « musculature insuffisante ; maladie
antérieure à l’incorporation ». La commission de réforme de Nevers du
26 août 1912 le « rappelle à l’activité ». Il est « classé dans le service auxiliaire, pour musculature insuffisante, sans que la
constitution générale soit douteuse » le 4 septembre 1912. Il arrive
au corps le 15 octobre 1912. Il « passe » à la 9ème
section de secrétaires d’état-major le 11 octobre, où il arrive le 15 du mois.
Il est maintenu « service
auxiliaire » pour une deuxième année le 18 septembre 1913 par la CR de Châteauroux. Cette
décision est maintenue par la même commission de réforme le 19 décembre 1914,
après le décret de mobilisation générale.
Le 10 avril 1915, il épouse Mlle
Proteau à la mairie de Guérigny. Le couple a une fille.
Le 20 octobre 1915, il est
« classé non affecté », comme aide-ouvrier aux Forges de la Chaussade à Guérigny, où
il va travailler jusqu’en 1920. Le 8 juin 1920 il est « congédié » de
cette entreprise (peut-être a-t-il participé aux grèves de mai lancées par la CGT et a été licencié) et se
trouve alors réaffecté au 13ème régiment d’infanterie pour la
réserve de l’armée active (« certificat de bonne conduite accordé »).
Le 1er septembre 1920, il habite à Déols (Indre), commune limitrophe
de Châteauroux.
Après son licenciement, il est
embauché en qualité de manœuvre à la Compagnie des Chemins de fer d’Orléans (P.O.) à
Châteauroux : il est à ce titre « affecté spécial » au titre de
la 3ème section des chemins de fer de campagne, pour la réserve de
l’armée de Terre. Décision du 9 décembre 1920 (en cas de conflit armé, il serait
mobilisé à son poste de travail). Ayant
quitté le Paris Orléans, il est rayé de « l’affectation spéciale »
pour l’armée en août 1921 et réaffecté au 2ème RI de Nevers.
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La rue qui mène chez Hutchinson porte son nom |
Le 7 février 1925, il habite
place Lavoisier, quartier de Vésine, à Châlette-sur-Loing (Loiret), et au moins
jusqu’au 5 mars 1936 (date portée sur son registre matricule militaire), il travaille comme ouvrier à
l'atelier d'entretien
Spreading
(encollage des tissus) aux usines de pneumatiques
Hutchinson de Châlette. Bon musicien, il fait partie de l'harmonie
de l'usine (il joue du piston). Il est plus que vraisemblable qu'il ait participé à la grève du 4 au 7 juin 1936 chez Hutchinson :
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Hutchinson © ville de Châlette |
membre du Parti communiste, il
est secrétaire d'une cellule d'Hutchinson.
Un jeune communiste,
Paul
Chenel, arrêté en 1941, et qui sera déporté lui aussi à Auschwitz, a
également travaillé chez Hutchinson à Châlette.
Toutefois, s’il est possible qu’ils
se soient connus, ce sera seulement après l’occupation allemande 1940 (Paul Chenel a alors 19 ans). En effet
Gustave Nourry a quitté Châlette et l’usine Hutchinson le 15 janvier 1938 (date
portée sur son registre matricule militaire) et travaille à l’Atelier de
construction Hutchinson de Bourges, 22 avenue Jean Jaurès.
Classé « sans affectation »
le 6 avril 1938, il est « maintenu en usine » lors de la première
mobilisation de 1938 (crise des Sudètes).
Le 10 novembre 1938, il est
classé « affecté spécial » au titre des établissements Hutchinson,
vraisemblablement à nouveau à Châlette (au moment de son affectation, il habite
7 rue Pascal à Chalette-sur-Loing). Gustave
Nourry est maintenu « affecté spécial, pour une durée indéterminée »,
le 15 juin 1940.
Pendant l'Occupation, à la suite de distributions de tracts et de collages de papillons dans la ville, il est arrêté en mars 1941 par la police française avec plusieurs autres militants. Tous sont relâchés au bout de quelques jours.
Gustave Nourry est arrêté à nouveau le 22 juin 1941 dans un café à Chalette par des policiers français et allemands, dans le cadre de la grande rafle commencée le 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique. Sous le nom « d’Aktion Theodorich », les Allemands arrêtent plus de mille communistes dans la zone occupée, avec l’aide de la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht et qui ce jour là devient un camp de détention des “ennemis actifs du Reich”.
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